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Mort civile de mon ancêtre bagnard

Je remonte mon arbre généalogique et voici ce que je lis dans la zone ‘fils de’ sur l’acte de mariage d’un de mes ancêtres Jean Pierre Giraud (fils) avec Jeanne Chaumier, le 05/02/1835 à Saint-Cierge la Serre :

« Jean-Pierre Giraud, condamné aux travaux forcés à Brest, à perpétuité ».

Le père du marié qui se prénomme également Jean-Pierre, mon Sosa 100, a commis un délit :

« Dans le courant du XIXe siècle, les larcins se payaient au prix fort et la sanction, souvent disproportionnée, conduisait très couramment au bagne, en rendant hypothétique la suite de la vie de leurs auteurs » (source : Revue Française de généalogie n° 194 juin-juillet 2011).

Sur sa fiche militaire il est noté qu’il est remplaçant d’un conscrit de l’an 13 : c’est le manque d’argent qui l’aurait poussé à l’agression ? [1]

Je ne peux en dire plus de son dossier ; Je laisse la lectrice, le lecteur aller consulter directement celui-ci. Je m’appuie sur les conditions de diffusion du site : https://bibnumcrbc.huma-num.fr/conditions-generales-utilisation


[1] SHD/GR 21 YC 47 (vue 34), matricule 12647, mémoire des hommes

Le jugement de fin d’année 1824 lui impose le bagne où il y arrive en 1830.

« Après le jugement, le condamné retourne en prison dans l’attente du passage de la prochaine chaine. Il y subit la flétissure au fer rouge et il est muni d’un collier de fer rivé au cou d’où part une lourde chaine de trois pieds (un mètre) aec un anneau en son milieu où passe la longue chaine commune qui relie une centaine d’hommes ou plus ».[1]

Sa condamnation à perpétuité immatriculée à Toulon est commuée à un peu plus de dix ans à purger au bagne de Brest suite à l’ordonnance du 20 aout 1825 prescrivant la répartition des condamnés entre les ports militaires du royaume en raison de la durée de leur peine.[2]

Localisation du bagne à Brest :

https://chroniques-de-brest.blogspot.com/2020/09/le-bagne-de-brest-1-la-fin-des-galeres.html

« La condamnation aux galères à perpétuité ou au bannissement prerpétuel hors du royaume, emportait la confiscation des biens et équivalait à la mort civile ».[3]

Jean-Pierre retourne à la vie civile en 1843. Grâce à la diminution de sa peine il échappe au bagne de la Guyane, le bagne de Brest fermant définitivement en 1858.  Celui-ci « est converti en dépôt de matériel. Pendant la Première Guerre mondiale, il sera successivement un hôpital complémentaire, un centre de réforme et un magasin. Après la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment sera entièrement détruit ». [4]

Entre temps son épouse Anne Vézian meurt le 01/10/1829 à Chomérac. La table des successions et absences dit que ses enfants et non son époux, doivent hériter ; la colonne ‘observation de la déclaration » dit « reprise » [5]:

Jean-Pierre (l’ex condamné) décède le 15/06/1847 à Chomérac ; son fils Jean-Pierre devient héritier « d’aucun bien déclaré » noté sur la table des successions et absences.[6]

Seul le prénom du fils Jean-Pierre apparait sur la table : qu’en est-il de Louis, né en 1823, enfant du couple Giraud/Vézian dont la naissance n’est pas inscrite dans le registre de Chomérac ?

Il a la possibilité de faire la connaissance de son père lorsqu’il a 20 ans.

Louis se marie le 03/08/1853 à Saint-Julien en Saint-Alban et décède le 14/11/1896 à Flaviac (également enregistré dans les tables de successions et décès de Privas,3 Q 4214-7, vue 4, AD07).

Comme je l’indique dans le début de cet écrit, Jean-Pierre (fils) épouse Jeanne Chaumier.

Avant de mourir celle-ci fait un testament :[7]

Elle lègue à son mari et à ses enfants le 10/03/1855 la somme de 1200 frs (valeur du mobilier, argent, rentes et créances) :

Au le décès de Jean-Pierre, époux de Jeanne, sa succession, à partager entre ses nombreux enfants, s’élève à 41.50 frs de biens et à d’un capital de 830 frs.[8]

Pour conclure :

« Les bagnards ne sont jamais gros négociants, hommes de finances, importants notables ou banquiers ; ils sont par contre assez souvent : tisseur de toile, marchand de baguettes à nettoyer les fusils, d’amadou, de peaux, boulanger, potier de terre, bien plus fréquemment domestique, journalier, travailleur de terre, colporteur ou déserteur, quelquefois huissier.

(…) il se dégage cependant de ce modeste ensemble, qu’une multitude d’autres faits recoupent, l’impression d’une justice encore très fortement marquée par l’empreinte des dominants, malgré les transformations de 1790, trop souvent demeurées dans les textes. Cela engendre une justice, mais une justice partiale ».[9]


[1] page 10 et page 11 par Chantal Guibon, Racines Drômoises, revue numéro 111.

[2] Page 64, www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr

[3] page 10 et page 11 par Chantal Guibon, Racines Drômoises, revue numéro 111.

[4] http://www.bretagne.com/fr/culture_bretonne/histoire_de_bretagne/les_temps_modernes

[5] 3 Q 2026-18, vue 2, AD07

[6] 3 Q 2030-7, vue 2, bureau de Privas, AD07

[7] 3 Q 2031-3, vue 14, AD07

[8] 3 Q 4180, AD07

[9] Page 187, au quotidien, sur les routes drômoises à l’époque napoléonienne par Michel et Claude Seyve, revue drômoise n°512-513, 09/2004

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