Différents endroits : Sauts d’une paroisse à une autre

Dans le département de la Drôme :

Nous sommes sous le règne de Louis XIII, au pouvoir de 1610 à 1643 et sous la régence d’Anne d’Autriche jusqu’en septembre 1651.

Générations représentées sous forme de tableau :

Suite de mon récit ‘Le contrat de mariage à Alixan’ : Antoine Giroud marié à Marguerite Palhareys achète une terre à Châteauneuf sur Isère le 10/08/1633. [1]

Je retrouve Mathieu (leur fils), naissance vers 1592 à Alixan, mariage avec Alix Vinay (date et lieu non connus) et décès le 10/05/1680 à Mercurol paroisse Saint-Anne où il réside (vue 50 1Num 620, AD26). Il décède là où nait son petit-fils Jean en 1674 (fils de Mathieu/Alix). 

L’explication est la suivante : Le 25 octobre 1669 Mathieu Giroud et son fils Antoine signent un bail de grangeage au quartier du Buisson (Saint-Clément) à Mercurol où cinq générations se succèderont.

De son union avec Alix dont il manque la date naissent à Châteauneuf d’Isère Catherine en 1634, Antoine en 1636, Jeanne en 1640, Elisabeth en 1644 et Pierre en 1651 (témoin au décès de son père à Mercurol).

La date manquante du mariage est-il expliqué par le reproche fait au curé Gabriel Guilhermin en 1634 au cours de la réunion des chefs de famille de la communauté ? 

« De ce qu’il n’est presque jamais en ce lieu, ne faisant que courir d’un costé et d’autre/ »[2] et qu’il en oublie de noter des actes sur le registre paroissial ?

Pierre, pour être présent à l’enterrement de son père, comme son frère Antoine granger à Beaumont-Monteux, ne peut qu’emprunter le bac pour traverser l’Isère, au quartier des Robins [3] :

« Nous savons seulement qu’au siècle suivant, *faute de pont, on passait l’Isère sur un bac pour arriver au port de la Roche ‘sis en la Vimogne’. Et ce port de la Roche qu’on aurait pu aussi bien appeler port de Beaumont-Monteaux puisqu’il se trouvait sur la limite des deux mandements ».[4]

*NDLR : au XIIème siècle

« On voit une grande chaussée entre Valence et Mercurol. Quoyque elle ne soit plus pavée comme elle estait sous les Romains, elle n’a pas néanmoins perdu son premier nom avec les marques de son ancienne dignité. Elle n’en a pas d’autre que Vimagne. Le même toponyme (issu du latin Magnus, grand) se retrouve en divers endroits : Viemagne au nord du village de Beaumont. La voie traversait l’Isère sur un pont de pierres disparu. Son appellation de Pont de la Déesse lui vient d’un taurobole découvert à peu de distance en 1787 ».[5]

« (…) sur la rive gauche de ladite rivière d’Isère l’un des piquets ou perches auquel est attaché l’un des bouts de la traille ou corde du dit bac, étant planté sur le territoire de ladite communauté de Châteauneuf et l’autre sur la communauté de ce lieu ».[6]

En 1835 Nicolas Delacroix dans l’ouvrage ‘statistiques du département de la Drôme’ à la page 209 parle du pont de Romans au bac à traille de Châteauneuf d’Isère et du bac à traille de Châteauneuf d’Isère à l’embouchure de la rivière.

A ne pas confondre avec le bac situé à Vernaison : « La première mention d’un bac à Vernaison est la demande faite, le 11 avril 1821 par monsieur Bourgeat, fermier d’un bac du département / ». [7]

Au-dessus de la rivière : Beaumont-Monteux

Extrait de la carte Marius Villard (1914), Beaumont-Monteux et sa région par J.N. Couriol, revue drômoise n° 571 de 03/2019 :

L’origine des parents d’Alix est la paroisse de Sanson (Rochefort Sanson depuis) [8], Je trouve Le testament de son père à Barbières (testament mentionné dans une quittance 2 E 18842 folio 298 du 24/10/1638 chez le notaire Roux, AD26) et le testament de sa mère le 22/05/1629 chez Bonnet à Charpey. [9]

« Avant 1750 au moins les trois quarts des nouveaux époux sont originaires soi de la même paroisse, soit d’une paroisse située à 2 ou 3 lieux (2 heures de marche) mais après 1750, la proportion baisse et le lieu d’origine des époux est plus lointain ». [10]

La présence à Châteauneuf d’Isère de Mathieu -laboureur- avec Alix, se fait à priori à partir de la naissance de leur premier enfant en 1634 jusqu’à la naissance du dernier en 1651. Le père de Mathieu (épouse Marguerite) y décède après l’année 1633.

Également Antoine -le fils de Mathieu et d’Alix – naissance en 1636, mariage en 1673 à Châteauneuf d’Isère, décède à Beaumont-Monteux à partir du 23/07/1703 après son déplacement sur Mercurol pour une partie de son existence (voir la naissance de ses enfants dans cette paroisse).

Le mariage a lieu dans une église placée sous le patronage de Saint-André depuis 1192 et dédiée à Saint-Thomas jusqu’en 1888. Ce lieu de culte se trouve en mauvais état depuis les guerres de religion par manque d’argent : vers 1640 il existe plus de cent crevasses ou fentes toutes pleines de chauves-souris.[11] En 1689 les fenêtres sont sans vitres : on les garnit de toile cirée, ce qui ne laisse pas passer beaucoup de lumière. Et plus tard en 1702 le clocher est prêt à tomber.[12]

Le testament d’Antoine constatant sa présence à Beaumont-Monteux :

« Indisposé de sa personne tout en ayant sa tête habite Beaumont-Monteux et est granger au domaine de Bernard du sieur Belle de la Roche de Glun de son domaine situé au mandement de Monteux. Antoine donne 100 livres et une petite bague en or à Marie qui est célibataire ; il nomme Jean (né en 1674) son héritier universel ».[13]

Localisation du domaine de Bernard à Beaumont-Monteux (avec appui dans le testament LONG situé comme témoin qui habite le mandement de Monteux et dont une maison proche du domaine Bernard porte le nom) 

(3 P 3289/1 tableau d’assemblage, AD26) :

« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce ne sont pas les paysans les plus instables des campagnes. Certes, ils se déplacent, en bandes ou en famille, d’une paroisse à l’autre, à l’occasion des grands travaux saisonniers (moissons, vendanges) mais bien souvent ils possèdent leurs propres maisons et souvent un petit lopin de terre qui les fixe dans leur paroisse de résidence. D’autant que leurs déplacements ont lieu sur de faibles distances et sont souvent de courte durée… ».[14]

Mon ancêtre travaillant assez loin de la rivière Isère évite les crues de celle-ci. L’Isère peut s’écarter de son lit habituel de près d’un demi kilomètre, tantôt rive gauche, tantôt rive droite submergeant les terres et les transformant en marais ou en ilots provisoires.

Ce qui n’empêche point un aïeul Giroud d’avoir de la terre dans cette paroisse :

A la vente des biens du clergé, le 19/10/1790 : terres au quartier de la Grayère (aux confins du levant terre de pierre Gay, de bise terre de Bochard et de Jean Michel, du couchant chemin allant du couvent des récollets à l’Isère, du midi terre du nommé Giroud).[15]

« Requête par les consuls et habitants de Beaumont Monteux leur village presque tout emporté par l’Isère ;

Les dévastations et destructions des maisons d’habitation dans les villages sont telles que les personnes ici assemblées qui les voient sont saisie d’étonnement et de frayeur depuis quelques années et notamment en dernier lieu la rivière d’Isère dans ses fureurs a entièrement emporté les maisons ci-après à savoir :

Celle de Jean Antoine Prost, celle d’Etienne Boffard, de Jean Guilhermond, de Joseph Darnaud, de Joseph Rostaing, de Gaspard Miribel, de Jean Rodet, de Claude Duc, de Jacques Barre, de Jean Didier, de Pierre Guibert, de Jacques Rivoire, de Jean Savel et de sa femme, de Claude Sonier ».[16]

« Beaumont-Monteux, Montes, Montilius, Bellus Mons (983 habitants). Cette commune a reçu une partie de son nom du coteau de Beaumont qui lui est presque contigu, mais qui est situé sur Clérieu ; quant à celui de Monteux, il s’explique difficilement dans un lieu peu accidenté. */en 1343 Humbert II détacha, à son profit, de la terre de Clérieu, le village de Monteux ; ses droits passèrent à la couronne de France ».

*à moins qu’il ne se réfère au relief encaissé, avec la coupure de l’Isère (Page 4 à page 37, Beaumont-Monteux, 1986, imprimerie Nyonsaise ‘les Mimosas’, Cote 944,98, BLA, médiathèque de Valence).

Plus tard après son acquisition par différents personnages :

« En 1636, noble Ennemond de Jomaron, sieur de Saint-Sauveur, était seigneur de Beaumont et Monteux, ayant acquis cette terre en vertu de lettres de debitis par lui obtenues. Il la vendit au président de Chevrières. / Beaumont-Monteux resta jusqu’à la Révolution au pouvoir de la maison de La Croix ».[17]

En 1641 Jean de la Croix de Chevrières est comte de Saint-Vallier et de Vals, seigneur de Chantemerle, de Blanieu, de Lieu-Dieu, de Beaumont-Monteux, de Crosses, de Faranans, de Cottanes, baron de Serves et de Clérieux et marquis d’Ornacieu.

« M. Lacroix de Chevrières comte de Saint-Vallier a la plus belle fortune du département, évaluée à 600 000 francs en 1809. D’une vieille famille d’ancienne noblesse, à l’écart des affaires publiques durant la Révolution, il se ralliera à Bonaparte et présidera le Conseil général de la Drôme de 1800 à 1803, avant de devenir sénateur en 1805, puis titulaire de la sénatorerie de Gênes en 1909. C’est au vu de cas comme le sien que Napoléon a songé à établir une nouvelle aristocratie : le 1er mars 1808, la noblesse d’Empire est fondée. M. de Saint-Vallier sera fait comte de l’Empire ». [18]

En 1629 la peste sévit à Clérieux.[19] Je ne trouve pas trace de décès dans ma lignée durant cette année.

Peut-être que la maladrerie eut son utilité par rapport à la peste ?

« La maladrerie * de Beaumont, qui fut unie au prieuré de Saint-Bardoux, était probablement située à l’extrémité de la commune de Clérieux, près des limites de celles de Beaumont-Monteux ». [20]

« Au quartier de Champollion sur l’actuelle commune de Granges les Beaumont.  Comme celle de St-Donat, elle dépendait du prieuré de St Bardoux. /Plus tard, en 1697, ces maladreries furent unies à l’hôpital de Sainte Foy, le plus ancien des hôpitaux de Romans ».[21]

* Ndlr : hôpital pour lépreux, synonyme de Léproserie, http://www.cnrtl.fr/definition/maladrerie

Je traiterai le sujet de la rivière Isère et d’autres dans l’écrit suivant concernant Antoine uni à Alix Vinay où leur domicile se situe à Châteauneuf sur Isère l’autre côté de l’eau.

Pour conclure je suis satisfaite de trouver des documents (acte paroissial, acte notarié) expliquant la présence de mes aïeuls dans d’autres paroisses.

Mon énergie a été malmené par mon travail constant de vérification ‘si le lieu de vie correspondait au lieu de travail’.

« Les laboureurs : dans les campagnes, ils constituent l’un des groupes les plus mobiles et les plus difficiles à suivre à travers les archives. En effet, le non-renouvellement des baux agraires, tous les 3, 6 ou 9 ans, les oblige à passer d’une location à une autre, de ferme en ferme, parfois dans la même paroisse (situation la plus simple) ou dans des paroisses séparées par au moins 20 ou 30 kilomètres (situation la plus complexe) ».[22]


[1] 2 E 2296 folio 260, AD26

[2] Page 43 à page 45, là où l’habit devait faire le curé, par Marie Sollety, Tailles et détail, Châteauneuf sur Isère, revue numéro 7, année 2004

[3] Page 308, le pont de Romans, volume 2, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

[4] Page 81, Volume 43 de 1909, l’Isère à Beaumont-Monteux par le curé Emile Froment, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

[5] Page 11, Beaumont-Monteux par J.N. Couriol, revue drômoise numéro 571 de 03/2019

[6] 14/02/1719, C 270, AD26

[7] Page 41, le bac à traille de Vernaison par Marc Perrot, revue Tailles et Détails

[8] Information fournie par mon cousin Michel Giroud en 2012

[9] Voir mon arbre ‘giroudguilhot’ dans Généanet

[10] Page 3, les voyages et les déplacements de nos ancêtres par Thierry Sabot, chez Thema

[11] Page 261, Châteauneuf d’Isère par A. Lacroix, tome 27, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

[12] Page 107, La vie religieuse à Châteauneuf sur Isère, 6ème partie par Marie Jean Buis, archives diocésaines

[13] 2 E 7693 folio 264 du 22/07/1703 chez le notaire Servant

[14] Page 43, Les voyages et les déplacements de nos ancêtres, la mobilité en France de l’Ancien Régime à 1814 par Thierry Sabot, revue Thema numéro 12.

[15] Visitation de Romans : R 9 acte 118, Q 111

[16] 14/02/1719, C 270, AD26

[17] Page 322, 323, tome 5, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

[18] Page 377, BH 5533, AD26 les Drômois sous Napoléon

[19] Page 125, essai historique sur la baronnie de Clérieux par Anatole de Gallier

[20] Page 120, essai historique sur la baronnie de Clérieux par Anatole de Gallier

[21] Page 4 à page 37, Beaumont-Monteux,1986, imprimerie Nyonsaise ‘les Mimosas’ Cote 944,98, BLA, médiathèque de Valence

[22] Page 43, Les voyages et les déplacements de nos ancêtres, la mobilité en France de l’Ancien Régime à 1814 par Thierry Sabot, revue Thema numéro 12.

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

En savoir plus sur AUX TEMPS ET AUTANT DE MES ANCIENS

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer