Retour sur l’histoire : Clérieu, la lignée Bossan avant la venue de mon ancêtre Louis Giroud, première partie

Dans le département de la Drôme :

La commune de Clérieu (l’eau claire) n’a pris son ‘x’ que depuis qu’elle est commune en 1790.[1]

Je n’ai pas beaucoup de branches anciennes dans le temps originaires de Clérieu : la lignée BOSSAN établie dans cette paroisse retient mon attention.

Pierre Bossan, décédé avant le 24/05/1637 à Clérieu -indiqué sur le contrat de mariage de son fils Claude- est gauchandier. Il se marie avec Catherine Ferrier.

« Ce métier consistait à traiter les étoffes afin de les assouplir de les dégraisser et d’en assurer la finition en les traitant dans un moulin à eau ».[2]

Ce qui se pratiquait à Clérieu :

« A la sortie nord du village : on faisait rouir le chanvre ou le lin dans des fosses maintenues en eau. Le rouissage permettait de ramollir la tige de chanvre afin d’en extraire les fibres nécessaires à la confection de fils, ficelles ou cordes ».[3]

A Clérieu le quartier des foulonniers (gauchandier) : https://remonterletemps.ign.fr/

De père en fils les Bossan exercent ce métier dans les marécages de la rivière Herbasse *:

Claude, gauchandier, naît le 18/05/1610 à Clérieu, décède le 24/03/1666 à Clérieu. Il se marie avec Barbe Rostaing à Clérieu – Cm 2 E 7607 folio 101 du 24/05/1637 à Clérieu chez Dupoisle.

Il établit son testament le 23/03/1666 à Clérieu (2 E 7651 folio 1056, vue 67).

*lu page 207, le cimetière de Saint-Michel par Nicolas Casimir, tome 81, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

Son fils Antoine, gauchandier, nait le 17/12/1642 à Clérieu, décède le 18/02/1692 à Clérieu. Il se marie le 10/10/1666 à Clérieu avec Louise Bressot (cm 2 E 7651 folio 1098 du 22/08/1666 (vue 153) à Clérieu.

Il établit son testament le 16/02/1692 à Clérieu (2 E 9218 folio 162).

Pierre Bossan, gauchandier, nait le 08/09/1677 à Clérieu, décède le 05/07/1735 à Clérieu. Il se marie le 01/07/1694 à Saint-Bardoux avec Antoinette Berthun (cm 2 E 9219 folio 197 (vue 25) du 27/05/1694 à Clérieu chez Boffard).

Le père d’Antoinette est tisserand de toile à Peyrins. [4] 

Les parents de Barbe, Claude Rostaing (laboureur) et Isabeau Disderon habitent Saint-Bardoux.

Ils peuvent être nés vers 1570.

S’ils rendent visite à leur fille et leur gendre, par le chemin des glissages ou le pas des muletiers, ils ne voient plus, comme trois ou quatre générations avant la leur, en descendant à Clérieu, le château des comtes de Poitiers.

« Guichard derniers des Clérieu, mort sans enfants en 1336 (extinction de la famille de Clérieu).

La baronnie de Clérieu passa aux comtes de Valentinois de la famille des Poitiers ».[5]

En 1522 Jean De Poitiers (vers 1475/ 1539), seigneur de Saint-Vallier, entre dans la conjuration du connétable Charles de Bourbon.

Jean est arrêté le 05/09/1522 et est transféré au Châtelet à Paris le 23/12/1523. Convaincu de lèse-majesté il est condamné à être décapité. Il est gracié par le roi suite à l’intervention de sa fille Diane.

Il teste à Pizançon le 24/08/1539.

« Saint-Vallier n’occupait d’abord qu’un rang de comparse, ou tout au plus de conjuré subalterne dans

La conspiration de Charles de Bourbon, lorsque tout à coup la fuite du Connétable l’investit du premier rôle dans cette tragique comédie/. En l’absence du principal coupable, Saint-Vallier fut désigné pour supporter tout le poids de l’accusation. Un crime aussi manifeste ne pouvait demeurer sans châtiment ; or, après Bourbon, Saint-Vallier était le plus en vue. Pour l’exemple on le condamna à mort ».

« D’autant que la conspiration, déloyauté, parjurements et trahisons de Charles de Bourbon est plus que notoire et manifeste, tant par l’évidence du fait, pour ce qu’il est en armes contre nous et notre royaume avec nos ennemis, que par les lettres qu’il a écrites aux Suisses/ ».[6]

« Le château de Clérieu a été démantelé * au XVIe siècle, après la condamnation de Jean de Poitiers et le vandalisme révolutionnaire aura raison de la nouvelle résidence seigneuriale ».[7]

*Démolir les murailles, les fortifications

« Le 19 février 1594, Charles de Lorraine, duc d’Aumale, par et grand veneur de France, chevalier des ordres du Roi, vendait, comme héritier de sa mère, pour le prix de six mille écus, la terre et la baronnie de Clérieu et Chantemerle à noble Jean de La Croix, seigneur de Chevrières ».[8]

Position de l’ancien château des Poitiers avant leur destruction, à Clérieu :[9]

Au 03/06/1819, 19/07/1886, 3 P 2247/1, AD26 :

Il ne faut pas confondre le château des Saint-Vallier avec celui du Merlet ou Merley.

« Anne de Jomaron, fille unique de Jean et Anne de Ruë, épouse le 1er octobre 1628, noble François de Ponnat, Conseiller du Roy. Elle hérite de tous les biens de son père par testament du 9 septembre 1641. La maison forte des Pangots passe ainsi dans la famille de Ponnat.
Lors de l’épidémie de peste de 1656/1657, François de Ponnat donne asile aux religieuses Ursulines de Saint-Marcellin dans sa maison forte de Saint-Sauveur. Deux d’entre-elles prononcent leurs vœux dans la chapelle du château.
Anne de Jomaron laisse à son décès (vers 1642) de nombreux enfants en bas âge et lorsque son époux, François de Ponnat, baron de Gresse fait son testament le 5 juin 1667, cinq filles et trois garçons sont encore vivants.
C’est Jean de Ponnat, Sieur du Merley, leur fils, qui reçoit les biens venant de sa mère et qui comprennent : le château du Merley à Clérieux, les maisons de Romans, les vignes de Presles, le domaine de la maison forte des Pangots à Saint-Sauveur, les granges de Chatte, Blagneux et Chevrières.
A partir de 1671, la maison forte des Pangots est désignée dans tous les actes officiels, la ‘ Maison forte du Merley’ ».[10]

Le 20 novembre 1688 Mme Philippe de Chastelard, de Marches, décède chez M. de Ponnat au château du Merley (Source : série E, page 2159, GG1 1607/1720).

« En 1672, le fief du Merley, situé à un kilomètre environ de Clérieu, appartenait à Jean de Ponnat, avocat du Roi au bureau des finances de la généralité de Dauphiné, fils d’un conseiller au Parlement. Le Merley est dans une position agréable, environné de bois, et Nicolas-Amédée, marquis de Saint-Vallier, qui voulait à sa terre de Clérieu une habitation plus centrale et surtout plus en rapport avec sa grande fortune que la maison exiguë de Curson se décida à faire l’acquisition du domaine des Ponnat. Le 05 mai 1753, il l’acheta/.

M. de Saint-Vallier entreprit immédiatement la construction d’un vaste château ».[11]

« Le beau château du Merley, tout récemment construit à Clérieu par M. de Saint-Vallier, ne put pas être sauvé ; il fut d’abord pillé, puis démoli et finalement brûlé ».[12]

Les évènements de ce 22/09/1792 (château du Merley) n’auraient-ils pas un lien avec les intentions de Nicolas de la Croix, seigneur marquis de Clérieu voulant prélever des impôts supplémentaires en 1751 ? (Relaté page 10 « si Clérieu m’était conté »).

Dans l’état des mandats acquittés par le receveur du district de Romans relatif au déplacement de la force armée, répressive des troubles je relève l’ordonnance du 11/10/1792 : [1]


[1] L 374, AD26

Emplacement du Merley : https://remonterletemps.ign.fr/comparer/

Mur extérieur restant du domaine du Merley à Clérieux (photographie personnelle) 04/2022 :

Retranscription du procès en lien avec la destruction du château Le Merley :

Le 17/06/1793 :

« L’ accusateur public demandeur en poursuivant sur l’acte d’accusation dressé par le directeur du tribunal de Romans le 22/12/1792 d’une part Nicolas ALBERT, cordonnier, âgé d’environ 28 ans, natif et habitant de Clérieux, Sébastien RIVOIRE, charpentier, natif et habitant de Clérieux, âgé d’environ 32 ans, Pierre VENDRE, travailleur de terre et habitant de Clérieux, âgé d’environ 28 ans, Denis FABRE, moulinier en soie, natif de Baye en Ardèche, habitant à Clérieux, âgé d’environ 28 ans, Jean ASTIER, maindouce, travailleur de terre, âgé d’environ 28 ans, natif de Marsaz et habitant de Clérieux et Madelaine ALBERT, fille à feu Claude ALBERT, maçon, âgée d’environ 21 ans, native et habitante de Clérieux accusés détenus et défendeurs d’autre part et encore Jean ALBERT, cultivateur, Emanuel ALBERT, Louise REVOL, veuve ALBERT, cabaretière et Charles GRENIER tous habitant à Clérieux, accusés contumace » . (…)

Ces personnes, le 22/12/1792, ont été accusé (…) « que le 18-19 septembre 1792 un attroupement considérable des habitants de Clérieux et des villages voisins se porta à piller, dévaster et incendier le château du dit lieu appelé le Merlet, appartenant au sieur LA CROIX DE SAINT VALLIER.

Les dégâts furent pareillement faits tout à la maison habitée par le fermier que dans tous les autres bâtiments dépendants du dit château dans les meubles, linge et effets furent volés ; pillage, dévastations, incendie ainsi qu’aux bâtiments servant à l’habitation du fermier, greniers, remises, écuries, caves et surtout celui appelé grange neuve. (…)

Plainte en dénonciation par le plaignant il y joignit une lettre anonyme daté du 15/03/1792 à son nom, adressée à Grenoble par laquelle on lui marque en ces termes : « si vous continuez de nous faire des frais si mal injustes, nous foutons le feu à votre château, à tous vos domaines et à vos perches de foin ».

Pour le constatement, joint à la plainte, André BERGER, gendarme reçu les dépositions des témoins puis délivra le 12/11/1792 le mandat d’amener devant le juge de paix du canton de Clérieux contre les personnes citées ci-dessus.

Le juge de paix procéda à l’audition des accusés et délira contre eux un mandat d’arrêt le 07/12/1792.

Le sieur CHABRIER en sa brigade en exécution de ce mandat se transporta à Clérieux le 11/12/1792 pour arrêter et traduire ces prévenus dans la maison d’arrêt du tribunal de Romans mais il résulte du verbal de perquisition qu’aucun d’eux ne fut trouvé dans son domicile, ni ailleurs malgré les recherches exactes qui furent faites.

La condamnation fut « de payer au citoyen LACROIX la somme de trois cent mille livres pour lui tenir lieu de ses dommages, intérêts.

(…) L’accusateur public déclare qu’à l’égard des accusations de destruction des maisons ci-devant château du Merlet et de Curson et du pillage et débris des dites destructions, le procès est éteint ».[13]

Je ne fais qu’évoquer les ruines de « Châtillon » (cité vers 1337) dominant Pont de l’Herbasse (dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen-Age en France).

« La chapelle Saint-Jean, aujourd’hui en ruine, contenait une sépulture en pleine terre avec pégau, deux coquilles de pecten de Méditerranée et un bourdon (bâton de pèlerin) à l’extrémité ferrée daté du XIIème ou XIIIème siècle. Elle était accompagnée de deux tombes en pleine terre. Elle était probablement incluse dans une fortification de terre avec motte, fossé et basse-cours dominant l’Herbasse ».[14]

Complément d’information :

« La guerre des paysans en 1580 : [1]

Une jacquerie de 1578 à 1580 commence à Clérieu, puis s’étend au Valentinois et à La Valloire, en réaction aux guerres religieuses et les maux sans nombre subits par les adversaires protestants et catholiques qui tous se disent pour le roi ».


[1] Source : page 7, numéro 62, année 2007, revue de la Drôme des Collines


[1] Inventaire Lacroix, judicature de Chanos, série B, numéro 1545 indiqué sur le numéro 20 de décembre 2016, revue le Petit Collines illustré

[2] http://histoiredefamillelesjouvepeyremorte.blogspot.com/2016/05/aller-voir-ailleurs-si-lherbe-y-est.html

[3] Page 35, si Clérieux m’était conté BH 1875/15

[4] Indiqué sur le cm 2 E 92919 folio 197 (vue 25) du 27/05/1694 

[5] Page 4, BH 1875/15, AD26

[6] Page 8, page 97, procès criminel de Jehan de Poytiers par Georges Guiffrey

[7] Dos de couverture Essai historique sur la baronnie de Clérieu en Dauphiné par Anatole de Gallier

[8] Page 114, Essai historique sur la baronnie de Clérieu en Dauphiné par Anatole de Gallier

[9] Page 208, tome 81 de la Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26, par Nicolas Casimir

[10] http://www.saintsauveur38.fr/341-la-maison-forte.htm

[11] Page 367, extrait du cadastre, tome 4, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26, par Anatole de Gallier

[12] Page 277, « les seigneurs de la maison forte, par M. Savy, tome 55, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme, AD26

[13] L 1760, AD26

[14] Page 5, si Clérieu m’était conté, BH 1875/25, AD26

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