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Agresseur : profession notaire
Le 10/05/1753, convocation de Jean Giroud, premier témoin envers un dénommé Deloche notaire, suite à la plainte déposée le 08/05/1753 par Laurens Dalicieux devant Etienne Chaléat, avocat au parlement, juge civil et criminel de la terre de la seigneurerie de Mercurol à Romans dans notre étude, [1]
Jean Giroud, travailleur habitant à Mercurol, âgé d’environ quarante ans, assigné à la requête de Laurens Dalicieux, laboureur au dit Mercurol, prête serment de dire la vérité la main levée et averti de la peine de mort portée par l’ordonnance contre les faux témoins.
Il s’agit de Jean, mon ancêtre, né le 12/04/1707 à Mercurol, décédé le 30/08/1756 à Mercurol, marié en secondes noces à Marie Anne Robin.
Il dépose : « Etant dans le bois du sieur Galix notaire au même lieu, à tirer de la bruyère pour le chauffage du four auquel les habitants du dit Mercurol cuisent leur pain, il vit venir à lui la fille du dit D’alicieux, nommée Marie tout échevelée et éplorée sans coiffe et sans tablier, et le sieur Deloche notaire à Tain galopant à cheval après elle, la dite D’alicieux se plaignant d’avoir reçu du dit sieur Deloche coups de pieds, de poings et de fouet / et le sieur Deloche ayant tourné bride lorsqu’il vit la dite D’alicieux arriver près du déposant et lui parlant prit le chemin d’un bois ».
Mon aïeul n’a pas fait établir ses deux contrats de mariage dans l’étude Deloche ; aurait-il connu ce notaire au cours de signatures en tant que témoin ou pour l’établissement de contrat de grangeage en sa faveur ?
Le second témoin Marie Brechon, âgée d’environ 25 ans, dépose :
Les trois témoins suivants confirment la violence et de la manière que celle-ci fut subie par Marie.
Laurens Dalicieux raconte que « Lundi dernier environ huit heures du matin Marie Dalicieux*, sa fille, âgée d’environ vingt ans étant à faire paitre son troupeau de bétail et laine dans le bois du nommé Antoine Lhote, travailleur au terroir de Laigue des lods paroisse de Saint-Clément, le sieur Deloche, notaire à Tain survint à cheval, et sans aucune ombre de provocation, étant descendu d’acheval se jeta sur la dite Marie Dalicieux qui ne put pas l’éviter par la fuite ainsi que firent plusieurs autres bergères qui gardaient aussi leur troupeau dans le même canton ».
*née le 22/04/1726 à Mercurol (source : relevés Egda)
La suite donnée par le juge Chaléat :
L’année suivante en 1754 un notaire Deloche exerce à Tain : [2]
Je suis en présence d’une famille d’hommes de loi :
Etienne est avocat au parlement de Paris et juge de la terre de Larnage ; son frère Jacques est notaire à Tain actif à partir de 1732 ; un autre Deloche : Charles Marcel, né en 1734, décédé vers 1801, est avocat au parlement, lieutenant en la judicature de Tain. [3]
Le fils de Jacques, Joseph Alexandre est notaire actif entre 1745 et 1764 à Tain ; né en 1722, décédé en 1798, son activité s’arrête lorsqu’il atteint l’âge de 42 ans. Son successeur, Ignace PASCAL la poursuit dans cette année 1764 toujours à Tain.
Le grand-père paternel Deloche, Claude, est notaire et greffier à Tain, actif jusqu’en 1732 ;
Je retrouve l’exercice du notariat à Tain pour un Deloche Jean-Louis entre l’année 1977 et l’année 1994. [4]
Marie ne s’est pas mariée : le traumatisme qu’elle a subi en est-il la cause ? Dans la déposition de son père, celui-ci nous informe que sa fille est malade, alitée et même en danger pour la vie.
Peut-être qu’un jour je rechercherais la suite de cette affaire.
[1] B 1575, AD26
[2] 1Mi 562, AD26
[3] Données Egda
[4] Sommaire de Tain, AD26
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Localisé par son parlé patois
« Mardi soir, vers 4 heures, un jeune garçon de 8 à 10 ans s’est présenté au quartier des Sablières, à Clérieux, chez M. Boisset.
Cet enfant n’a pu donner aucune indication sur son pays et sur ses parents.
Il parle le patois de Miribel. Tout ce qu’on a pu obtenir de lui, c’est que son maitre d’école se nommerait Duc, et que ses prénoms seraient Paul Charles ».[1]
Aussitôt je m’empresse de consulter les registres de recensement de la commune de Miribel en vue de rechercher qui peut être ce Paul Charles.
L’article datant de l’année 1909 le recensement le plus proche de cette date est celui de l’année 1906 ; Heureusement elle ne comporte que seize pages.
Je relève trois prénoms « Paul » de garçons entrant dans la tranche d’âge 8 à 10 ans, précisé nés à Miribel et un pour « Charles » né à Romans.
Que faire pour savoir lequel de ces enfants s’est retrouvé si loin de chez lui ?
Les tables décennales, intervalle 1893/1902, puis les actes de naissance de la même période apportent la réponse par rapport au deuxième prénom ‘Charles’ cité par « le fugueur » :
Charles Paul Pourier, né le 12/05/1902[2], dont le père Maurice est ouvrier agricole[3], habite le quartier de Chambarand. Charles Paul a un frère ainé né en 1900, un autre plus jeune de deux années. Ses parents ont pris en nourrice un enfant de l’assistance publique.
Le nom de ‘Duc’ : je n’ai pas trouvé de maitre d’école portant ce nom dans les recensements des années 1901 et 1906. L’enseignant est Jules Thomas ; Le seul ‘Duc’ existant est un propriétaire exploitant habitant au quartier Glanon.[4] Ce lieu se situe au-dessus de celui de Chambaran.
De son école en 1884 il y a une classe au village pour enseigner aux garçons (et une pour enseigner aux filles). [5]
« En 1882, la loi Ferry institue l’école gratuite, laïque et obligatoire, et y interdit l’usage des patois. Dans le cas contraire, l’enfant est brimé, puni ou moqué ».
Et en lien avec la première guerre mondiale :
« Devant l’immensigé des pertes humaines, un grand nombre d’hommes ont dû partir au front, de tous horizons géographiques (et linguistiques) créant ainsi un brassage linguistique important, dès 1915, après le « mélange » des recrutés au sein de différents régiments (auparavant regroupés par régions). Ces soldats n’ont pas eu d’autres choix que d’utiliser le français, pour comprendre et se faire comprendre ».[6]
Je visualise le village de Miribel ainsi que le quartier Chambarand [7]:
Je calcule la distance parcourue par l’enfant : environ 20 km à partir du village de Miribel (résultat fourni par Michelin trajet) :
Charles Paul arrive au quartier des Sablières chez les Boisset qui sont nombreux de famille[8] :
Je n’évoque pas l’angoisse des parents à la disparition de leur enfant.
Je trouve plus qu’étrange qu’à cette période de l’année, au mois d’août, où les agriculteurs sont dans leurs champs, personne n’ait aperçu un enfant de sept ans marchant seul ?
Charles Paul se marie le 08/02/1930 à Miribel avec Eugénie Lambert. Il décèdera le 26/06/1972 à Chantemerle les Blés (source INSEE).
[1] Journal de Valence du 20/08/1909- Page 149, la Drôme des collines d’autrefois par Françoise et Charles Gardelle, édition fontaine de Siloe
[2] Vue 28, année 1902, AD26
[3] Recensement année 1906, vue 5, AD26
[4] Vue 2 et vue 7, recensement année 1906, AD26
[5] Vue 66, https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation
[6] Page 154, MORIN Laetitia. L’occitan dans la Drôme : état des lieux, géolinguistique et perspectives sociolinguistiques, sous la direction de Manzano Francis. – Lyon : Université Jean Moulin (Lyon 3). Thèse soutenue le 23/09/2016. Disponible sur : http://www.theses.fr/2016LYSE3048
[7] https://remonterletemps.ign.fr/
[8] Recensement année 1906, vue 32, AD26
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Expropriation forcée suite à succession
« Vente par expropriation forcée à l’audience des criées du tribunal civil séant à Valence, de maison d’habitation et terre labourable, situés à Saint-Bardoux, quartier de Champlas commune de Clérieux, saisi contre Joseph Brenier ».[1]
A la requête de Marie Montalon mariée en premières noces à Jean-Pierre Giroud et tutrice de ses enfants mineurs Louis et Joseph Giroud ; mariée en secondes noces à Nicolas Juven, propriétaires à Peyrins.
A la requête de Marie Giroud mariée à Jean-Bruno Giraud, propriétaires à Geyssans.
Tous héritiers de Pierre Giroud, tisserand, cultivateur, né le 06/04/1785 à Clérieux, décédé le 29/01/1858 à Peyrins.
NDLR : Jean-Pierre et Marie enfants de Pierre Giroud.
A la première union de Pierre avec Marie Aillon, mineure, voici ce qu’il est écrit à la délibération du conseil de famille du 30/07/1811, parlant de lui :
« Et qu’il a les moyens de satisfaire au payement des dettes de la mineure dont on serait obligé de vendre une partie des biens pour les acquitter si ce mariage ne pouvait avoir lieu (…) qu’il a des moyens pécuniaires qui peuvent prouver à la mineure l’avantage de conserver les biens que ses père et mère lui ont laissé en payant les dettes dont ils sont greffés »[2].
La profession de Jean-Antoine, père de Pierre, journalier, granger ne favorise point l’acquisition de biens immobiliers. Je suppose que Pierre a dû travailler durement pour « avoir les moyens de satisfaire au payement des dettes de la mineure ».
La succession en question consiste en :
« Une petite propriété composée d’une pièce de terre labourable, d’une maison située au mas ou lieu dit Champlas à Saint-Bardoux (…) ; cette maison construite en bitume, pierre et cailloux et recouverte en tuiles creuses, est composée : d’un rez-de-chaussée, qui prend jour au midi par une fenêtre et une porte d’entrée ; d’un premier étage servant de galetas, prenant jour au midi par une ouverture au levant, par une autre ouverture, et au nord, par une autre petite ouverture ».
Tableau d’assemblage 3 P 3547/1, AD26 :
La direction du Nord située en haut de cette carte
La parcelle concernée en 1858 est la numéro 203 bis ; en 1819 existe seulement la parcelle numéro 203 :
Section B1, Brayes et Pize, 3 P 3547/2, année 1819, AD26 :
[1] Le courrier de la Drôme et de l’Ardèche du 21/11/1858
[2] Page 274, état civil Clérieux, an XI/1812, AD26
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Cayenne, décès d’un militaire en 1831
Aujourd’hui je rédige un article à propos de François RIVIER, cousin de mon ancêtre Martin RIVIER.
François nait le 01/08/1806 à Viviers. Il n’échappe pas à son devoir militaire et est incorporé au 16ème Régiment d’Infanterie Légère qui fait les compagnes de 1824 à 1832 à Cayenne et au Sénégal (source Wikipédia). Entré le 25/10/1831 à l’hôpital, il décède le 06/11/1831 à Cayenne par suite de gastro-entérite [1]:
L’information vient de l’Etat civil :
Extrait de la table des décès de l’arrondissement de Viviers, AD07
Son frère Jean Louis, né le 26/01/1804 a pu poursuivre son existence jusqu’au 22/10/1883, date de sa mort, à Espeluche dans la Drôme.
« L’armée s’étant ralliée à Napoléon 1er, Louis XVIII qui est obligé de se réfugier à l’étranger, publie le 23 mars 1815, à Lille, une ordonnance licenciant l’armée ».[2]
Après le retour de Louis XVIII en France, celui-ci maintient le licenciement de tous les régiments.
L’ordonnance du 25/10/1820 prescrit la formation de 80 régiments d’infanterie dont 60 d’infanterie de ligne et 20 d’infanterie légère. Le 10/02/1821 la légion de la Haute-Saône devient le 16ème Régiment d’infanterie légère dont fera partie François Rivier.
(Source Google) « Au XVIIe siècle, à savoir au plus fort des revendications territoriales françaises sur le bassin de l’Amazone, la France se trouve favorisée par la possession d’un vaste territoire dénommé la France Equinoxiale, s’étendant au Sud, de la rivière des Amazones jusqu’à l’Orénoque, et au Nord, jusqu’au fleuve Maroni. Ce droit d’exploitation demeurait néanmoins très théorique, la présence française au début du XIXe siècle se limitant aux environs de Cayenne ainsi qu’à l’embouchure des principaux fleuves compris entre l’Oyapok et le Maroni ».[3]
« La colonie fut prise en 1809 par les Hollandais et fit retour définitivement à la France en 1817 ».[4]
« Le climat est chaud et constamment humide ; la températeur lourde et fatiguante varie de 20° à 32°. L’année se partage en deux saisons : la saison sèche en été (juillet à décembre), et la saison des pluies ou hivernage (janvier à juillet). Les pluies sont très abondantes : 3 mètres à Cayenne ».
L’insalubrité due au climat provoque le décès de François par une inflammation de la paroi de l’intestin causée soit par un virus, une bactérie ou un parasite.
Ayant rejoint l’armée au 01/01/1827 pour 6 années -selon la loi Gouvion-Saint-Cyr- François aurait été libéré de ses obligations militaires à fin 1832. Le destin en a décidé autrement.
[1]anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/osd.php?territoire=GUYANE&commune=CAYENNE
[2]https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9organisation_des_corps_d%27infanterie_fran%C3%A7ais_(1815)#Formation_des_l%C3%A9gions_en_r%C3%A9giments_en_1820
[3] https://www.jstor.org/stable/25765204
[4] Page 387. 388 Manuel à l’usage des troupes employées Outre-mer. Deuxième partie. fasc. II, Afrique occidentale et équatoriale, Gallica
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Jean-Baptiste GIROUD présumé disparu
Il est des lignées où le mot conformité aux actes d’état civil n’est pas inscrit dans le réel.
J’ai rédigé un article concernant l’usurpation d’identité d’un ancêtre par un autre dont la faute incombait à l’officier d’Etat Civil.
Le protagoniste était Jean-Michel, ° 1782 Chanos-Curson (oubli du curé, info à son 2ème mariage), x1 le 20.4.1800 Clérieux avec Laurence BRUNEL, y x2 le 7.1.1829 avec Marguerite Françoise BARTHELEMY.
Aujourd’hui je donne suite à cette histoire par un nouvel écrit.
Le couple Jean-Michel et Marguerite Françoise Barthélémy donne naissance à Jean-Baptiste le 26/10/1830 à Romans. Celui-ci se marie le 04/05/1857 à Peyrins avec Marie Marguerite Pinet.
De cette union nait le 21/04/1858 (vue 58) à Romans Maurice Baptiste.
Maurice Baptiste se marie en premières noces le 02/07/1894 à Saint-Etienne (vue 194, AD 42) avec Joséphine Mouton ; La mère[1] de Maurice décède à Saint-Etienne le 30/07/1893 (vue 136, AD 42) et son père « est dans l’impossibilité de manifester sa volonté », ainsi qu’il résulte d’un certificat annexé au présent.
Aussitôt, ils déclarent avoir eu deux filles nées à St-Etienne sous le nom de Mouton en 1899 et 1890. Joséphine Mouton décède à l’hôpital le 30.11.1899, « épouse de Maurice Giraud, cartouchier, n° 66 rue d’Annonay ».
Il se remarie le 24/11/1900 à Saint-Etienne (3 E 109, vue 164, archives communales de Saint-Etienne) avec Emilie Bride.
A la deuxième union de Maurice Baptiste je relève sur l’acte de mariage que son père est présumé disparu d’après l’affirmation sous serment tant des parties que des témoins :
Or son père Jean-Michel est décédé le 03/10/1895 à Romans (acte 347, vue 121, archives communales de Romans).
Je vais exploiter des pistes de réflexion de la raison pour laquelle Maurice Baptiste a affirmé sous serment que son père était présumé disparu[2] :
Il n’aurait eu plus de lien avec son père, celui-ci ayant quitté sa femme (recensement de Peyrins, année 1872, vue 23, AD26).
Maurice Baptiste n’a pas été contacté par un notaire pour un héritage éventuel[3] et de ce fait n’aurait pas été averti du décès de celui-ci à l’hospice[4], qui remonte à cinq ans en arrière.
Son livret militaire (1 R 49 bureau de Romans, Matricule 464, vue 478) indique un degré d’instruction générale zéro*, qu’il avait été réformé pour surdité en 1882 :
* ndlr : zéro signifiant ne sait ni lire ni écrire
Sa signature lors de sa deuxième union :
Sous le nom de « Giraut » l’état civil de Romans ne peut lui apporter une réponse quant au décès ou pas de son père Jean-Baptiste.
Additif : sur la fiche militaire d’Auguste Maurice (fils de Maurice Baptiste) disponible en ligne en 08/2022 je peux lire que celui-ci est réformé pour surdité complète, en plus d’être détenu en prison (1 R 1718, classe 1917, matricule 1757, vue 377/726, AD42).
[1] Présente à Saint-Etienne en 1891 au 10 rue du Mont-d’or (recensement sud-ouest 1F20 vue 738)
[2] Même si l’officier d’état civil avait vérifié l’acte de naissance, le décès de son père ne figurait pas sur celui-ci. Cette mention apparaitra qu’à partir de l’année 1945
[3] Tables des Successions et absences 1893-1898 (3Q 9917, AD26)
[4] L’hôpital de Romans était dénommé Hôpital-Hospice à la fin du XIXe siècle. Les registres de délibérations de la commission administrative pour la période 1891-1910 notamment (conservés sous les références 121S256-257) précisent bien « Hôpital-Hospice de Romans » : Information archives communales de Romans.
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Le meunier devenu un assassin
Jean-François BROTTIER nait le 26 nivôse an 6 (15/01/1798) à Anneyron[1], fils de François, travailleur, marié à Thérèse FAVIER.
Jean-François, garçon meunier, s’unie le 23/02/1830 à Anneyron à Marie Anne PALAIN, fille d’un meunier.[2]
Plusieurs enfants naissent de leur union.
Sur le recensement de l’année 1851 à Clérieux il est dit que Jean-François est fermier/meunier au quartier Virretard où ne vit que lui, son épouse et ses enfants Marie Pauline, 18 ans et Jean 15 ans.[3]
Marie Anne Palain décède à Clérieux le 01/04/1853 (indiqué sur l’acte de mariage de sa fille Marie Pauline le 08/10/1856 à Pact dans l’Isère).
Localisation de ‘Virretard’[4] en haut de la deuxième carte du village Clérieux :
https://remonterletemps.ign.fr/
Le 11/09/1853, pour le voler, le meunier tue Didier Reynier, son locataire de 75 ans, colporteur. Le décès de Didier Reynier est enregistré sur la commune de Chavannes (vue 33, AD26) parce que son corps fut retrouvé près de l’étang du Mouchet.
Durant cette année mon ancêtre Ferdinand Giroud marié en 1846 avec Rose Migouret ont une fille née le 18/03/1853 prénommée Rose Pauline. Ils habitent de l’autre côté du village de Clérieux, au quartier des Chirouzes, assez loin du drame qui vient de se dérouler.
Le procès de Jean-François Brottier a lieu le 24/10/1853. Il sera guillotiné le 19/12/1853 à Valence, place du petit Saint-Jacques :
https://remonterletemps.ign.fr/comparer (scan historique de 1950)
« Brothier a été condamné plusieurs fois, une fois à cinq ans de réclusion pour vol. il avoue cette condamnation. Quant à une autre de dix ans de réclusion pour même fait, et qui aurait été prononcée par contumace il répond qu’il n’en a pas connaissance ».[5]
En 1856 au moulin de Virretard le nouveau fermier meunier est Joseph Millan marié à Traversier Marianne.[6]
Pour approfondir ce sujet je vous invite à lire « La Gazette des Tribunaux » page 2 en date du 29/10/1853 qui relate l’affaire ainsi que « Le salut public » également du 29/10/1853. Documents que vous pouvez trouver sur « Lectura Plus ».
[1] Vue 62, AD26
[2] Vue 320, AD26
[3] Vue 47, AD26
[4] Section A2, 3 P 2247, AD26
[5] La Gazette des Tribunaux page 2 du 29/10/1853, Généanet ‘recherche du nom Brottier’
[6] 6 M 250, vue 30, AD26
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Jacques Guilhot marié à Montclar
Jacques Guilhot né le 16/10/1709 échappe au grand froid qui déferle dans la nuit du 05 au 06 janvier 1709 :
« Le sol se fige. A Nyons, la gelée brise les pierres et fend chênes et noyers jusqu’aux racines. Les températures tombent de -10 à -20°C. le Rhône est pris par les glaces ».[1]
De Louis Guilhot établi à La Chapelle en Vercors, seul son fils Jacques descend en direction de la vallée, à Montclar sur Gervanne.
Extraite de l’exposition « chemins faisant : une histoire des routes du Vercors », Année 2020, AD26
Voici l’itinéraire possible suivi par mon ancêtre pour arriver à Montclar : les chemins de la transhumance :
Extraite de l’exposition « chemins faisant : une histoire des routes du Vercors », Année 2020, AD26
Auparavant Jacques s’en est allé à Pont en Royans faire son apprentissage du métier de cordonnier pour une durée de deux ans chez un maitre (2 E 14662 folio 65 du 2005/1728, AD26). Il a 19 ans.
Le 04/06/1743 il se marie avec une fille de Montclar : Isabeau Rochette. Il est dit travailleur.
Il se marie à l’église Saint-Marcel datant du XIIe siècle[2] :
En 1744 aussi le grand froid est là ; cependant Jean-Louis, leur fils, né le 20 avril peut y échapper.
Quelle est la raison pour laquelle il s’établit dans ce village ? : je n’ai trouvé aucun indice qui me permet de répondre à la question.
Le 05/11/1747 : « Dans la maison d’Antoine Prudhomme au lieu de Montclar à la déligeance de Jean-Louis Teste consul moderne dud lieu se sont assemblés en conseil général … ». [3] Le nom de Jacques Guilhot est écrit ; il n’est pas présent pour signer le document arrêté à cette date, de même à l’assemblée du 15/12/1748 où son nom apparait mais pas sa signature.
Et pourtant il sait signer ; voir celle-ci dans mon article ‘La Chapelle en Vercors, départ de ma branche cognatique’.
Jean-François, son fils, né le 08/08/1745 à Montclar, apiculteur, est inscrit le 16/03/1792 sur le registre de la garde nationale, selon la loi de l’Assemblée Nationale [4]; il est dit âgé de 44 ans ce qui amène à une naissance en 1748. Il est né en 1745 : puis-je dire qu’il ne connait pas l’année de sa naissance ?
Aussi, les prénoms ne sont pas inscrits en entier dans le registre : exemple Louis pour Jean-Louis Guilhot et mon ancêtre François pour Jean-François – en ayant auparavant vérifié qu’il n’existait un Louis et un François Guilhot dans le village.
Durant la période de l’an IV à l’an VIII mes ancêtres ne quittent pas leur village ; ils sont agriculteurs, ceci confirmé par l’étude du registre d’enregistrement des passeports du canton d’Aouste qui ne contient pas leur nom (L 1117, AD26).
Un arrière-petit-fils de Jacques, Louis est adjoint au maire lors du coup d’Etat de 1851 :
La municipalité de Montclar sur Gervanne est témoin des mouvements de Joseph Fauchier, cultivateur propriétaire au hameau de Vaugelas à Montclar.
L’adjoint au maire, Reboul dépose : « le 6 décembre, je fus acosté par Fauchier père, et le domestique d’Erand, qui me forcèrent à leur livrer la clef du clocher ».
Guilhot, adjoint aussi, dépose : « le 6 est venu me dire quil fallait partir, qu’on me fera voir les ordres plus tard ».
Dans la population des habitants témoignent : « Fauchier père et Boulard commandaient les gens de Vaugelas », « le 6, Fauchier, accompagné de quelques autres est venu me prendre au collet en disant qu’il fallait partir. Il était un des chefs du mouvement ».[5]
Louis est élu maire de la commune de Montclar jusqu’en 1861, aux élections du 12/09/1852 ; Sur un extrait du cahier des délibérations en date du 14/11/1852 [6] :
Je ne sais s’il est plus tranquille dans son époque que pendant celle où vivait son arrière-grand-père Jacques : au 01/06/1749 : « « Lesdits consuls qu’il est nécessaire de nommer des gardes de bois champêtre rapport aux grands dommages qu’il est fait dans la récolte. Lesquels dits assemblés après avoir ouï les remontrances du dit consul ils ont conclu et délibéré qu’ils nomment pour Montclar (les noms suivent) seront tenus de veiller exactement sur les fruits et récoltes et bois et toute sorte de dommage ».[7]
Le 17/11/1792 : un registre contenant le nombre d’armes et munitions qui existent dans la commune de Montclar ET Vaugelas : « Louis Guilhot un fusil de chasse ».[8] Il s’agit de Jean-Louis Guilhot, fils de Jacques.
La descendance de Jacques est toujours présente sur la commune de Montclar et au XXe siècle nait en 1928 René Louis Guilhot.
Un petit-fils de Jacques, Jean-Pierre, est dit rentier à Montclar au quartier des Combes (recensement année 1861 vue 13, AD26) : il cultive les pommes de terre, des céréales telles le seigle, l’avoine, il a également peut-être des noyers.
Représentation du quartier sur le cadastre[9] :
Pour aller plus loin dans l’étude des églises du Vercors :
Page 66 et page 67, la Drôme romane, H. Desaye et J.N. Couriol, plein ceintre éditions, cote 726, bibliothèque la Passerelle, Bourg Les Valence.
Et en complément :
Beaufort et sa région par Jean-Noël Couriol, revue drômoise numéro 569 de 09/2018.
[1] Page 27, regard magazine numéro 120, 01/2022
[2] Page 82, Montclar sur Gervanne, Pierre Payon et Jean-Noël Couriol, revue drômoise, tome C, numéro 536, juin 2010
[3] 3 E 152, E dépôt Montclar
[4] 3 E 152/1, E dépôt Montclar
[5] 1 M 1353, AD26
[6] 3 M 611, AD26
[7] 3 E 152, E dépôt Montclar
[8] 3 E 152, E dépôt Montclar
[9] 3 P 3447/8, section 3, le village de Montclar : (direction du Nord au-dessus de ce quartier)
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Le Chaffal
Le Chaffal où mon ancêtre Augustin Moulin (Sosa 782), travailleur, se marie vers le 19/04/1732 avec Benoîte Eynard – cm 2 E 6270 folio 137 du 19/04/1732 chez Prompsal à Châteaudouble (manque l’année 1732 dans les registres paroissiaux de Le Chaffal).
Extraites de l’exposition « chemins faisant : une histoire des routes du Vercors », Année 2020, AD26
Dans un cahier de Léoncel un auteur évoque les bandes de pillards, appelés routiers, pendant la période de la guerre de cent ans, qui furent une menace pour l’abbaye de Léoncel. [1]
J’émets l’hypothèse que ces hommes désœuvrés par une des trêves de ce conflit passèrent par la paroisse Le Chaffal et firent des dégâts.
« Le site du Chaffal est remarquable par sa position en belvédère, à 1021 mètres sur un replat dominant le creux du Pêcher. A l’exception d’un bâtiment récemment couvert, le hameau qui continue de donner son nom à la commune est aujourd’hui en ruines ; Il a été détruit par les Allemands en 1944. A cette date, l’église romane dédiée à Saint-Robert, désaffectée depuis les années 1920-1925 était encore debout. Laissée à l’abandon après 1944, elle s’est progressivement affaissée et démantelée ».[2]
L’année 1567 voit les huguenots faire des dégâts écrit Jules Chevalier.[1]
[1] Page 25, Beaufort et sa région par Jean-Noël Couriol, revue drômoise numéro 569 de 09/2018
Le Chaffal en 1918, cliché Raoul Blanchard, Ipimov fond IGA.
« Du 7 may 1644 : Esglise parochiale du Chafal, sous le vocable de Saint-Robert, au mandement de Châteaudouble, Dom Estienne François, prieur de Léoncel, commis pour le divin service que quinze en quinze, et fonctions curiales, moyennant 50 livres. Prieur : le sieur de Vilar, prieur de Beaumont, au diocèse de Valence.
Le presbytère est voûté, menace ruine ; les fenestres du chœur sont sans vitres et chassis. La nef est couverte, n’est pas pavée, ni blanchie et menace de ruine. Point de fonts baptismaux. L’autel du chœur est sans tableau, sans tabernacle, ciboire et sans lampe. Il y a 4 nappes, un calice d’estain avec sa patène, corporal et voile ; une croix et burette d’estain ; un missel, aube et chasuble. (…) les fonds ont été aliénés ou usurpés par le désordre des guerres civiles. Au clocher, il y a deux cloches.
Il y a 40 maisons, toutes catholiques, faisant environ 120 communiants ».[3]
Mon ancêtre Augustin travaille, peut-être avec un bail à fermes, dans une exploitation aux ordres du prieuré du Chaffal ou dans une exploitation coiffée des fermiers généraux aux ordres du domaine des cisterciens.
Ces deux ordres religieux proches voisins définissent les limites de leurs possessions, ceci pour éviter les conflits, qu’ils laissent en fermage et en métayage.
« Le prieuré du Chaffal appartenait au réseau casadéen, c’est à dire à la mouvance de la grande abbaye de la Chaise-Dieu, fondé entre 1043 et 1050 par Robert de Turlande ».[4]
« Les moines de Léoncel perçurent des dîmes et des cens, avec d’importantes variations dans le temps comme dans l’espace, dans les communautés du Chaffal … ».[5]
Et pour continuer avec peut-être l’autre métier d’Augustin, éleveur de mouton pour les gains à percevoir sur la vente de la laine :
Le 19/04/1732 sur son contrat de mariage le notaire note que la future épouse s’est épargnée par son travail et industrie la somme de deux cent trente-neuf livres (2 E 6270 folio 137).
Le 03/03/1726 Jean Moulin se marie avec Marie Brun ; elle apporte en dot 68 livres qu’elle a économisé « en brebis » et « en toile » – contrat de mariage 2 E 6268 folio 202 chez Prompsal à Châteaudouble.
« Aucune maison n’est dépourvue de métier à tisser le drap ».
« Châteaudouble, Combovin et Peyrus se partagent la fabrication de drap de laine de tout le plateau de Léoncel, jusqu’à et y compris Chaméane, Le Chaffal et la Vacherie. En l’an III (1795), les habitants du Chaffal vendent leur laine, parfois avant même que la tonte ne soit faite, ou aussitôt qu’elle est récoltée, aux fabricants de Peyrus où, sur 101 feux (familles), 66 pratiquent la confection de drap de laine ».[6]
Complément d’information :
» Sous l’ancien régime, la Vacherie forme une communauté distincte, rattachée à la paroisse du Chaffal ».[7]
« Que tous les métaux qui sont dans les maisons nationales, celles des émigrés et celles de la ci-devant liste civile, serviront à la fabrication d’armes et seront mis à la disposition du ministre de la Guerre/Pansu ainé dressait un reçu au citoyen François Moulin agent national de la commune de La Vacherie (modeste village de montagne qui n’était relié à la plaine que par un mauvais et dangereux chemin muletier) pour ‘la quantité de 275 livres de fer et 34 livres de cuivre provenant de l’église de la commune ».[1]
[1] Page 170, la patrie en danger par Michel Garcin, édition Nigel Cauvin
[1] Page 96, Vercors terre monastique et canoniale, cahier de Léoncel numéro 11
[2] Page 112, Vercors terre monastique et canoniale, cahier de Léoncel numéro 11
[3] Page 311, tome 46, année 1812, par Jules Chevalier, Société d’archéologie et de statistique de la Drôme
[4] Page 111, Vercors terre monastique et canoniale, cahier de Léoncel numéro 11
[5] Page 99, Vercors terre monastique et canoniale, cahier de Léoncel numéro 11
[6] Page 70, 71 l’élevage ovin à Léoncel et la production lainière, cahier de Léoncel n°10, 08/1993
[7] L’élevage ovin à Léoncel et la production lainière, cahier de Léoncel n°10, 08/1993
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Maman et ses écoles
Les lois scolaires de Jules Ferry, la loi du 16 juin 1881 établit la gratuité absolue de l’enseignement primaire dans les écoles publiques,[1] complétée par celle du 28 mars 1882 qui rend l’enseignement primaire obligatoire.
« Comme pour la grande majorité du territoire français, les écoles communales de Valence sont installées dans des locaux existants, achetés ou loués par la Ville, souvent dans des conditions de travail et d’hygiène défaillantes à plusieurs titres. En 1874, Valence compte une seule école laïque pour garçons, située place de l’Université, qui accueille 45 élèves. L’inspecteur primaire dit à son sujet qu’il faut la « relever », afin de prouver que l’enseignement laïque peut vivre à Valence ».[2]
Les matériaux utilisés pour la construction des façades des écoles laïques de Valence sont en pierre de taille du sud de la Drôme (Saint-Paul Trois Châteaux) en pierre de taille de Chomérac, moellons de Guilherand et de la maçonnerie de moellons avec de l’enduit lissé.
Dans le recensement de l’année 1936, ma famille maternelle habite à la basse ville, au 7 quoi du Rhône :[3] Ginette Guilhot (ma mère), née en 1929, va à l’école maternelle Jules Renard :
« Neuf bâtiments sont visités et la municipalité opte pour une maison rue Pêcherie, qu’elle achète en 1884. Les locaux étant très vétustes, leur destruction est programmée afin de construire une école neuve* sur son emplacement. À l’issue d’un concours, les architectes valentinois Ernest Tracol et Eugène Poitoux sont désignés pour la réalisation du projet. Ils appliquent les règles de l’architecture scolaire naissante et réalisent en 1903 une école-type de la IIIe République, dotée de deux classes et de deux appartements de fonction. Implanté dans un quartier inondable, le bâtiment est surélevé afin d’être à l’abri des inondations du Rhône.
L’école Jules Renard ferme en 2011 et le bâtiment, rénové en 2016, accueille aujourd’hui la Maison pour tous du centre-ville. »[4]
*école maternelle (précisé page 29, Valence construit ses écoles, par Viviane Rageau, revue drômoise numéro 563 de 03/2017)
Ecole Jules Renard, archives municipales de Valence, 4 M 89
La suite de sa scolarité se passe à l’école de la rue François Pie dont, avec Odette sa maman, elles traversent le champ de mars pour s’y rendre :[5]
en 1884 cote F/17/*/2839
Puis Ginette, de l’année 1937 à l’année 1939, ayant déménagé pour la rue Montplaisir, est élève à l’école primaire Récamier. Moi-même j’y étais, en tant qu’aide à la scolarité de l’année 2014 à l’année 2018 sans que je sache, à l’époque, que maman y avait étudié.
Maman au dernier rang, la deuxième en partant de la droite :
école Récamier dans la cour « En 1903, l’école communale de filles de la rue de l’Equerre accueille 129 élèves. Le non renouvellement du bail de l’immeuble où elle est implantée précipite le projet de construction d’une nouvelle école primaire de filles. La réflexion autour des quartiers en expansion montre que le nord-est de Valence (avenue de Chabeuil/rue Faventines) s’accroît de jour en jour et reste dépourvu d’école de filles. On projette une école à six classes, même si quatre serait suffisant compte tenu du nombre de filles à accueillir, mais la Ville compte sur la fermeture progressive des écoles privées et prévoit donc un effectif à la hausse.
L’emplacement choisi se situe à l’angle de la rue de l’Isle et de la rue Amblard (école Juliette Récamier) ».[6]
Cette école, pour moi, est d’une architecture élégante non seulement avec sa façade, mais avec son carrelage de l’époque à motifs, dans les couloirs, avec sa verrière immense dans la montée d’escaliers qui mène à des classes.
Façade de mon école vue de la rue Amblard en 1910 (4MV, 4M 99) et dessin d’exécution de chapiteau[7]
AMV, 4 M 99
Croquis de la porte d’entrée principale
La porte d’entrée principale se faisait rue Amblard ouvrant directement dans un couloir menant à la montée d’escalier. De nos jours l’entrée se fait rue de l’armée belge qui ouvre sur la cour de récréation.
La verrière et les chapiteaux sont toujours présents au XXIe siècle :
Cour de l’école Récamier (photographies de l’auteur)
[1] senat.fr/évènement/archives/D42/gratuit1.html
[2] Page 28, Valence construit ses écoles, par Viviane Rageau, revue drômoise numéro 563 de 03/2017
[3] Recensements, Série F, archives communales de Valence
[4] https://www.valence.fr/fr/re-decouvrir-la-ville/ville-d-histoire-s/patrimoine/l-ecole-jules-renard.html
[5] Vue 26/321, http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr, enquêtes sur la situation des écoles
[6] Page 34, Valence construit ses écoles, par Viviane Rageau, revue drômoise numéro 563 de 03/2017
[7] 1910 (AMV, 4 M99)
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Médaille de mère de famille à ma grand-mère maternelle
A l’occasion de la fête des mères de l’année 1944 « le Secrétariat général à la Famille avait tenu à témoigner de façon tangible sa reconnaissance aux mères françaises, spécialement aux plus méritantes. »[1]
Ma grand-mère maternelle, Odette, ayant eu huit enfants, obtient la médaille d’argent ainsi qu’un bon pour une paire de chaussures et des tickets pour 2 kilos de sucre.
En 1939 le ministère du Ravitaillement est créé, chargé de l’orientation de la production agricole, de la centralisation des produits ainsi que de la répartition équitable entre toute la population française.
Pour cela, par le décret du 10 mars 1940, la France met en circulation des cartes d’alimentation.
Il existe également des tickets de rationnement pour les vêtements et articles textiles.
Carte de rationnement achats de chaussures :
Je vais survoler cette période tant qu’il y aurait à relater.
« Le ravitaillement devient de plus en plus difficile. Chaque jour pour maman, c’est un véritable tour de force que d’assurer nos repas et préparer une gamelle potable pour papa. (…) c’est le hasard qui décidera des légumes qu’elle va rapporter car le commerçant déchargera de sa voiture ce qui lui-même aura trouvé aux Halles : navets, topinambours, rutabagas, brocolis, choux rouges, seuls légumes en vente libre. (…) Aussi elle apprend un matin ou l’autre que le ticket DZ ou DA ou DW est validé chez le commerçant om nous sommes inscrits pour 1 kg de pommes de terre ou bien 500 g de pâtes ou encore 300 g de lentilles. Alors aussitôt il convient de courir à l’épicerie et prendre la file d’attente car les retardataires risquent fort de se heurter à l’écriteau « distribution épuisée » ! ».[2]
Les premières cartes de rationnements sont distribuées dès octobre 1940 pour les produits de base : pain, viande, pâtes, sucre. La population française est partagée en sept catégories (selon l’âge de l’individu, selon s’il travaille ou pas) : à chaque catégorie sa carte spécifique.
« Exprimé en rations journalières individuelles, on a en moyenne : 250 grammes de pain, 25 grammes de viande, 17 grammes de sucre, 8 grammes de matière grasse et 6 grammes de fromage.
Avec un tel rationnement, la nourriture d’un homme ne dépasse pas 1200 calories/jour alors qu’il est généralement admis qu’il en faut 2400 ! ».[3]
Les parents laissent leurs enfants, même ceux de la maternelle, manger à la cantine : c’est l’assurance qu’ils auront un repas.
Il faut se tenir au courant de à quel endroit trouver les produits, deviner l’heure à laquelle débute la file d’attente qui permettra de remplir son panier, surveiller le compteur de gaz et celui de l’électricité.
Le prix du sucre en morceau, en 1940, augmente de 59 %.[4]
En France en 1944, avant la libération, le prix du beurre était cinq fois supérieur au tarif officiel, et le prix des œufs était quatre fois plus élevé.[5]
Il manque tellement de produits que pendant la période de l’année 1943 et 1944 de nombreux coupons ne sont pas utilisés.
Le marché noir bat son plein :
« Le marché noir, c’est Pinton, le boucher, et la mère Mourdin, l’épicière. Ils disent à maman qu’ils n’ont pas ce qu’elle veut. Mais, après réflexion, ils en auraient peut-être… ils peuvent lui trouver, parce qu’un de leurs amis ira en chercher à la campagne. Il faudra compter avec les frais supplémentaires et les risques qu’il prend. Ce sera beaucoup plus cher… trois ou quatre fois ou même plus que le prix affiché, quand on donne des tickets. (….) Au marché noir, on peut se procurer de fausses cartes de tickets. ».[6]
Le mariage d’Odette, née RIVIER, avec Fernand GUILHOT est le 18/06/1927 à Valence.
Ces années n’ont pas dû être faciles autant pour ma grand-mère que pour mon grand-père réformé pour raison de santé à son service militaire.
Leur premier enfant, Gilbert, né le 10/11/1927 au 37 avenue de Chabeuil à Valence.
En 1931, au 17 quai du Rhône, je retrouve mes grands-parents, Gilbert et deux autres enfants nés entre temps.
Ma grand-mère se rapproche de sa maman dans le quartier qu’elle habitait avant son mariage.
En 1936 toujours dans la même rue mais au 7 quai du Rhône né Maurice.
Mon grand-père Fernand travaille en tant que cartonnier chez Vallon Mayousse à Granges les Valence.
Plan de 1935, cote 106, 404/405, archives municipales Valence
En 1946 la famille Guilhot habite au 109 rue Montplaisir avec tous les enfants, le dernier né en 1943.[7]
Ma grand-mère perçoit les allocations familiales :
Le décret-loi du 12 novembre 1938 crée des allocations familiales indépendantes du salaire et des entreprises.
Le 29 juillet 1939 un texte loi renforce la progressivité du barème pour les allocations à partir du troisième enfant, supprime l’allocation au premier enfant au profit d’une prime à la première naissance.
Vers l’âge de leur retraite, mes grands-parents achèteront une maison rue des Basses Crozettes à Valence.
La famille réunie pour une photographie vers l’année 1949 :
Tante Marie « la tante des Baumes » Son mari « l’oncle Beaugiraud » :
Odette Rivier :
Fernand Guilhot :
Louise Guillot épouse x1 Rivier, x2 Sapet :
Ginette Guilhot :
Hippolyte Guillot (frère de Louise et de Marie Guillot) :
Quatre des enfants de Fernand Guilhot x Odette Rivier :
De gauche vers la droite : Maurice, André, Henri et Yves :
(Manquent Gilbert et Pierre)
Yolande Guilhot :
Mauricette épouse Sapet (belle fille de Louis Guillot) avec un de ses huit enfants qu’elle aura :
Le mariage de Gilbert en 1951 à Valence :
Gilbert :
Pierre :
[1] 25/05/1944, l’Impartial à Romans, 8ème année, numéro 346.
[2] Page 20 Raymond Ruffin, « paroles de l’ombre », lettres et carnets des français sous l’occupation 1939-1945, édition les arènes.
[3] https://nithart.com/fr39-45.htm
[4] https://france-inflation.com/prix_depuis_1900_en_france.php
[5] L’Europe barbare, Keith Lown, édition Perrin.
[6] Page 38, Jean Bailleul, « paroles de l’ombre », lettres et carnets des français sous l’occupation 1939-1945, édition les arènes.
[7] Recensements, Série F, archives communales de Valence.
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